Annonce de notre nouvelle stratégie d’élaboration de politiques fondées sur des données probantes

A Kenya Revenue Authority (KRA) tax agent inputs data on to their phone while visiting a store in the Eastleigh district of Nairobi, Kenya, on Thursday, Oct. 19, 2023. (Patrick Meinhardt/Bloomberg via Getty Images)

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Programme d’Équité des Genres et Gouvernance (GEG) de la Fondation Hewlett soutient un ensemble diversifié de penseurs créatifs et de résolveurs de problèmes qui travaillent à construire une société inclusive où chacun, en particulier les femmes et les filles, peut s’épanouir. Depuis 2015, le programme GEG se consacre à la promotion de l’Elaboration de politiques éclairées par des données probantes (EIP) en Afrique de l’Est et de l’Ouest. Notre objectif est d’encourager les décideurs politiques de la région à intégrer des données probantes dans leur processus décisionnel, afin d’améliorer le bien-être des populations grâce à des politiques plus rigoureuses et plus objectives.

La fondation a investi plus de 120 millions de dollars dans l’EIP au cours des cinq dernières années, en collaborant avec plus de 55 organisations. Ces efforts se sont concentrés sur la mise en œuvre de changements tangibles dans les politiques et les programmes, sur l’introduction de changements systémiques dans les processus de prise de décision et sur le développement d’un écosystème EIP solide.

En septembre 2022, nous avons lancé un processus de mise à jour de la stratégie – en évaluant les résultats des cinq dernières années d’octroi de subventions et en procédant à une analyse externe du paysage en évolution. Le point culminant de ce processus est le dévoilement de notre stratégie actualisée, façonnée par les leçons que nous avons apprises et les idées que nous avons tirées de l’évaluation et de l’analyse.

Ce que nous avons appris : L’EIP est un défi mais le processus conserve des opportunités d’impact

La bonne nouvelle est que l’accès, la capacité et la motivation des décideurs politiques à utiliser des données probantes se sont améliorés dans le monde entier, et le continent africain n’y fait pas exception. La pandémie de COVID-19 a même mis en évidence la centralité et l’importance des données et des éléments probants dans l’élaboration des politiques. Ces progrès sont toutefois extrêmement inégaux et isolés en Afrique – de grandes lacunes en matière d’accès, de capacité technique et d’utilisation subsistent à l’intérieur des pays et entre eux en raison de l’ampleur même du problème, qui est encore compliqué par les incitations politiques et les innovations rapides (telles que l’intelligence artificielle).

Malgré ce contexte difficile, il existe clairement des opportunités. L’écosystème de l’EIP en Afrique est beaucoup plus solide qu’il ne l’était en 2015 : L’influence des chercheurs et des activistes africains s’est nettement accrue, le nombre des producteurs de données probantes et des intermédiaires africains ainsi que leur qualité ont augmenté, et de plus en plus de décideurs politiques africains expriment leur désir d’améliorer leur utilisation de données et d’éléments probants. Les mouvements mondiaux en faveur d’une utilisation responsable des données et des éléments probants, l’importance continue des données pour la réalisation des Objectifs de développement durable (ODD) des Nations Unies et du principe « Ne laisser personne de côté » qui y est associé, ainsi que les pressions exercées sur le transfert de pouvoir et la localisation sont autant de thèmes majeurs contribuant en outre à affiner et à renforcer les progrès dans l’espace de l’IEP – et en particulier en Afrique.

Proximité et pouvoir : fondements de la stratégie actualisée de l’EIP

Dans ce contexte, la stratégie actualisée est davantage un « mise à jour » qu’une approche entièrement nouvelle. Plutôt que d’opérer des changements et des pivotements radicaux, les modifications que nous avons apportées visent (1) à refléter la réalité actuelle d’un monde très différent de celui de 2015 – un monde empêtré dans une multitude de crises, avec une confiance tendue entre les populations et les décideurs politiques ; et (2) à capitaliser sur l’écosystème florissant de l’élaboration de politiques éclairées par des données (EIP) présent en Afrique.

À cette fin, l’objectif actualisé de la stratégie de l’EIP est le suivant :

l'objectif de la stratégie de l’EIP

Promouvoir l'utilisation cohérente et responsable de données et d'éléments probants inclusifs pour informer et améliorer l'élaboration des politiques en Afrique de l'Est et de l'Ouest.

Bien que notre objectif général reste à peu près le même que le précédent – voir les décideurs politiques d’Afrique de l’Est et de l’Ouest s’appuyer systématiquement sur des données et des éléments probants pour éclairer leurs décisions politiques – cet objectif opère un changement nuancé. Le nouvel objectif est plus explicite quant à la nécessité de disposer de données et d’éléments probants inclusifs et adaptés au contexte, plus proches. En outre, au fur et à mesure de l’augmentation de la disponibilité et de l’utilisation de données et d’éléments probants, il devient de plus en plus crucial d’en faire une utilisation responsable. Enfin, alors que l’objectif précédent se concentrait sur l’utilisation systématique de données probantes, nous pensons que l’idée d’une utilisation cohérente reflète mieux la réalité de l’EIP en définissant mieux la portée de l’influence grâce à laquelle nos bénéficiaires peuvent conduire le changement.

À cette fin, cet objectif actualisé repose sur une nouvelle théorie du changement :

Grâce aux efforts de renforcement des capacités des organisations africaines les plus proches dans le domaine des données et des éléments probants, et à l’amélioration parallèlement des capacités et des incitations des décideurs politiques africains à demander et à utiliser ces données et ces éléments probants, une spirale vertueuse de relations plus fortes et basées sur la confiance devrait se développer entre ces deux parties. Cette dynamique renforcera en retour l’écosystème de l’EIP, en le rendant ainsi de plus en plus robuste, tant en Afrique qu’au niveau mondial.

En outre, ce nouvel objectif et cette nouvelle théorie du changement reposent sur une claire reconnaissance du fait que les données et les éléments probants (comme toutes les connaissances) sont des formes de pouvoir. Or, dans l’écosystème actuel de données probantes, le pouvoir est entaché de déséquilibres : entre les organisations du Nord spécialisées dans les données probantes et leurs homologues africaines, entre les gouvernements nationaux et locaux, entre les communautés marginalisées et les élites, et entre les individus et l’État. Nous nous engageons, par conséquent, à œuvrer avec les bénéficiaires à l’identification et à la réduction des déséquilibres de pouvoir injustes ou inappropriés en matière de données et d’éléments probants, afin que les décideurs politiques, les institutions et les communautés à tous les niveaux aient un accès plus équitable à des données probantes et puissent s’engager dans un processus d’élaboration de politiques plus juste et plus inclusif.

Renforcer, équilibrer et briser les cloisonnements : comment atteindre cet objectif ?

Comme l’illustre le graphique de la théorie du changement, nous poursuivrons notre objectif en déployant trois efforts distincts, mais interdépendants et se renforçant mutuellement, chacun de ces efforts faisant office d’objectif intermédiaire et nous permettant d’évaluer globalement les progrès globaux que nous aurons réalisés

  1. Augmenter le soutien aux organisations africaines de collecte données probantes. Le renforcement des organisations africaines de données et d’éléments probants, en particulier celles qui entretiennent des relations étroites avec les gouvernements, est au cœur de la stratégie actualisée. Pour tirer parti du nombre croissant d’organisations de collecte de données dans la région, nous rechercherons de nouveaux bénéficiaires africains, en mettant l’accent sur des organisations plus petites et moins connues et/ou sur celles intervenant au niveau infranational. Ceci afin de s’assurer que les subventions de l’EIP n’exacerbent pas les déséquilibres de pouvoir existants entre les organisations mondiales, nationales ou régionales bien connues et leurs homologues locales tout aussi efficaces, mais moins reconnues. Il sera essentiel de trouver un équilibre dans la répartition des subventions entre les institutions historiques situées en dehors de l’Afrique et celles qui sont plus proches. Nous soutiendrons simultanément les partenariats dirigés par des Africains avec des organisations collectrices de donnée probantes extérieures à la région, en facilitant les échanges de connaissances et la diffusion des meilleures pratiques.
  2. Renforcer la capacité et les incitations des décideurs politiques en Afrique de l’Est et de l’Ouest à utiliser de manière responsable les données et les éléments probants. Le renforcement des institutions africaines de collecte de données probantes passe nécessairement par le renforcement de la capacité et des incitations des décideurs politiques à utiliser les résultats de ces organisations. Cela signifie qu’il faut investir pour renforcer les connaissances, les compétences, les systèmes et les ressources permettant d’exploiter les données probantes dans l’élaboration des politiques. Cela signifie également qu’il est nécessaire de soutenir de nouvelles formes de données et d’éléments probants innovants (telles que les données générées par les citoyens) et ne pas promouvoir des types spécifiques de données et d’éléments probants (par exemple, les évaluations d’impact) au détriment d’autres. Les acteurs de l’EIP, qu’ils soient mondiaux ou plus proches, joueront un rôle clé dans ce travail. Les uns et les autres peuvent fournir des services spécialisés en réponse aux besoins et aux priorités des gouvernements africains ; il sera toutefois essentiel de trouver le bon équilibre entre les deux.

    Le changement des incitations est complexe, mais tout aussi important. Nous soutiendrons les bénéficiaires qui s’efforcent de remodeler les incitations en déployant un large éventail d’approches. Celles-ci pourraient inclure (1) l’abaissement des barrières à l’utilisation de données probantes en facilitant l’accès des décideurs politiques à des outils conviviaux pouvant être utilisés sans nécessiter de compétences techniques avancées ; (2) la mise en place de mécanismes de plaidoyer, de transparence et de responsabilité publique en matière d’utilisation d’éléments probants et de données dans l’élaboration des politiques ; et (3) la conception de structures d’incitation récompensant les décideurs politiques pour leur utilisation de données probantes dans leurs décisions, et ce, de manière responsable. Le Groupe en charge des subventions dans le domaine de la gouvernance des données en Afrique sera particulièrement important pour cet aspect de la stratégie et, une fois encore, les acteurs de l’EIP, qu’ils soient mondiaux ou plus proches, joueront un rôle clé dans ce travail. Il sera important de trouver le bon équilibre entre les deux, compte tenu, en particulier, du large éventail de dynamiques de pouvoir en jeu.
  3. Renforcer l’écosystème EIP aux niveaux local, régional et mondial afin de mieux soutenir l’utilisation des données et des preuves en Afrique de l’Est et de l’Ouest. La stratégie précédente de l’EIP soutenait trois portefeuilles distincts au sein de la fondation, qui étaient complémentaires mais fonctionnaient souvent de manière indépendante : les évaluations d’impact, l’institutionnalisation de l’utilisation de données probantes, et la révolution des données et la gouvernance des données. Les bénéficiaires de subventions ont constamment exprimé le souhait d’avoir plus d’occasions de collaborer avec d’autres personnes travaillant dans ces domaines distincts de pratique des données et des éléments probants et d’apprendre d’elles. À l’avenir, nous convoquerons et coordonnerons plus souvent ces diverses parties prenantes afin de briser les cloisonnements et de promouvoir les partenariats et l’engagement entre les bénéficiaires dans différents domaines de pratique. Cela inclura une coordination avec d’autres bailleurs de fonds afin d’augmenter et d’améliorer la qualité des financements et du soutien non financier dans tous les domaines de l’EIP. Cette coordination pourra également améliorer la visibilité des organisations africaines de collecte d’éléments probants en présentant et en promouvant leur travail auprès d’une plus grande diversité de bailleurs de fonds potentiels, en réduisant ainsi les asymétries de pouvoir et de ressources.

    En interne, nous collaborerons avec l’équipe en charge de la Gouvernance inclusive de Hewlett et d’autres parties du programme GEG afin d’identifier les opportunités de subventionnement collaboratif, d’aligner les ressources, d’éviter les doublons et de maximiser l’impact de la fondation en Afrique de l’Est et de l’Ouest.

Nous sommes ravis à l’idée de commencer à mettre en œuvre la stratégie actualisée aux côtés de nos partenaires, et nous nous réjouissons d’organiser une série de réunions en personne et virtuelles lorsque nous commencerons à la déployer en 2024. Nous sommes profondément reconnaissants à nos bénéficiaires de subventions et à nos autres collaborateurs qui nous ont donné des conseils, des informations et formulé des commentaires tout au long de ce processus. Comme toujours, n’hésitez pas à nous contacter sur HewlettEIP@hewlett.org pour nous faire part de vos commentaires et de vos questions.

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