Quatre façons dont les bailleurs de fonds peuvent soutenir de meilleurs services de santé dans les pays à faible revenue

A woman undergoes screening for injectable contraceptive
MUZZAFARPUR, BIHAR, INDIA-NOVEMBER 13, 2017: A woman undergoes screening for injectable contraceptive use by a paramedic at a private DIMPA OB-GYN clinic. The Abt Associates-led Private Sector Partnerships-One (PSP-One) project has been scaling-up DIMPA, a successful branded network of OB-GYN and general practitioners in northern India trained to provide quality family planning services. Enrollment in the network is voluntary, includes free hotlines for men and women to answer questions, and the program is monitored to ensure sustained quality of care. Since 2006, the network has grown from three cities and 105 providers to 45 cities and 1,400 providers in Uttar Pradesh, Uttarakhand, and Jharkhand. (Paula Bronstein /The Verbatim Agency/Getty Images)

Lire l’article en anglais ici.

Aujourd’hui, les organisations de la société civile du monde entier travaillent ensemble pour marquer la journée de la couverture médicale universelle et sensibiliser le public à un engagement important que de plus en plus de gouvernements prennent : que tout le monde aie accès aux services de santé dont ils ont besoin, sans pour autant tomber dans des difficultés financières en les payant, autrement connu sous le nom de couverture de santé universelle (UHC). Un grand nombre des organisations que nous soutenons travaillent à la création de services de santé plus équitables et de meilleure qualité dans les pays à faible revenu. Ils réfléchissent à la manière dont une couverture médicale universelle pourrait aider ceux qui souvent se privent ou reçoivent les prestations de santé de la plus mauvaise qualité, à savoir les femmes, les enfants, les personnes handicapées et les travailleurs informels sans protection financière.

Je suis ravie de constater l’énergie et l’élan autour de cette journée mondiale de plaidoyer, mais les bailleurs de fonds tels que nous peuvent faire davantage pour soutenir les mécanismes d’éducation, d’organisation communautaire et de retour d’information, comme ce séminaire pour journalistes au Pakistan et cette assemblée municipale au Nigéria. Aujourd’hui, alors que les habitants de Karachi à Abuja demandent à leurs gouvernements d’allouer plus d’argent pour améliorer la santé des gens, c’est aussi un bon jour pour les bailleurs de fonds qui se demandent ce que nous pouvons faire de plus les 364 jours restants de l’année.

Les défenseurs de la couverture maladie universelle auxquels j’ai parlé aux États-Unis, en Europe, au Kenya, au Sénégal, au Guatemala et en Inde affirment que des plates-formes telles que UHC2030 renforcent la volonté politique et créent d’importants canaux pour les voix de la société civile des pays à revenu faible et intermédiaire. Ils aident à informer la Banque mondiale et le Fonds monétaire international sur les réalités des pays à revenu faible et intermédiaire, et les responsables de ces institutions multilatérales peuvent ensuite contribuer à l’élaboration des politiques de leurs gouvernements partenaires. UHC2030 relie également ces défenseurs avec d’autres à travers le monde afin qu’ils puissent apprendre les uns des autres. Et des partenariats tels que le Financement mondial pour chaque femme, chaque enfant (GFF) aident les bailleurs de fonds, les politiciens, les prestataires de soins de santé et les populations à travailler ensemble pour donner vie à la vision de la couverture maladie universelle.

Néanmoins, les campagnes et les plates-formes mondiales de plaidoyer ne suffisent pas. Il reste encore beaucoup à faire, en particulier pour soutenir les efforts déployés par les pays tout au long de l’année. Voici les quatre façons dont les défenseurs de la couverture maladie universelle m’ont dit que nous, ainsi que d’autres bailleurs de fonds, pouvons aider:

1- Obtenir plus de ressources là où cela compte le plus.

Les coalitions nationales et sous-nationales de la société civile et d’organisations de défense des droits, de défenseurs des droits de l’homme, de groupes de patients, d’associations professionnelles, de réseaux de défense des droits des femmes et d’autres personnes soucieuses de la santé ont besoin de plus de soutien pour obtenir des informations de base sur le moment et la manière dont des décisions sont prises, telles que, qui et quelles personnes sont couvertes par des forfaits essentiels de bénéfices médicaux, sur les protections financières qui seront mises en place pour assurer l’équité, sur la façon dont la couverture médicale universelle est financée et dont les ressources sont allouées du niveau national au niveau intranational. Les bailleurs de fonds pourraient investir davantage dans les efforts visant à organiser et à renforcer la capacité de telles coalitions à accéder à l’information et à la partager plus rapidement, à s’asseoir aux tables de décision et à mettre en place des mécanismes de suivi des performances et de rétroaction des citoyens.

Par exemple, en Afrique de l’Est, PATH, avec l’appui de la Fondation Bill et Melinda Gates, organise une série de laboratoires d’apprentissage de la responsabilisation qui incitent à la réflexion pour permettre aux défenseurs de la santé, aux responsables gouvernementaux et aux partenaires de développement de toute la région de se réunir dans un espace sécurisé afin d’analyser l’écart entre les engagements des gouvernements en matière d’amélioration des soins de santé et la réalité, et d’explorer des solutions pratiques permettant de travailler ensemble de manière plus efficace en vue de faire progresser la couverture maladie universelle. Les laboratoires encourageront la participation de multiples parties prenantes, l’apprentissage commun et des stratégies de plaidoyer plus intelligentes en réponse à la dynamique de leur pays, telles que les systèmes de santé décentralisés.

2- S’assurer que les personnes les plus touchées et les moins entendues puissent participer.

Dans les pays à revenu faible ou intermédiaire, les femmes sont les principales utilisatrices des services de santé et le plus souvent les moins susceptibles de bénéficier d’une protection financière. Il est essentiel de veiller à ce que les organisations de défense des droits des femmes, les fédérations nationales de personnes handicapées et les autres groupes qui comprennent les besoins de ces groupes importants de la couverture maladie universelle soient bien informés, capables de donner leur avis et d’avoir une place à table pour s’assurer que leurs besoins sont satisfaits.

En Afrique de l’Ouest, nous avons récemment approuvé une subvention à CICODEV, une ONG sénégalaise qui fournit aux consommateurs des informations sur les services qu’ils devraient recevoir de leur centre de santé local et sur ce qu’ils peuvent faire si leur expérience ne correspond pas à ces attentes. CICODEV forme des citoyens bénévoles à la sensibilisation et au suivi de la qualité des soins dans leurs établissements de santé locaux, en particulier en ce qui concerne l’engagement du Sénégal à fournir des services de santé maternelle et infantile gratuits. CICODEV utilise ensuite les informations recueillies auprès de ses « observatoires citoyens » dans son travail de plaidoyer au niveau national. Amadou Kanoute, directeur exécutif de CICODEV, décrit la situation de la manière suivante:

« L’inadéquation entre la vision et la prestation du programme est la pire chose qui puisse arriver à un dirigeant. En santé publique, les effets peuvent être particulièrement désastreux, car une bonne santé est un catalyseur essentiel du développement socio-économique. Chez CICODEV, nous pensons que collecter des informations sur la qualité des services de santé (tels que perçus et vécus par les citoyens), puis les transmettre aux décideurs et aux porteurs d’obligations réduit le risque d’échec des politiques. Et c’est ce que nous faisons!

Vous pouvez en savoir plus sur l’histoire de M. Kanoute ici.

3- Soutenir le travail analytique basé dans les pays et l’accès ouvert aux biens publics mondiaux.

La disponibilité et la capacité d’utiliser des données probantes devraient suivre les principes internationaux, tels que l’Objectif Développement Durable 17, afin de permettre une meilleure planification, une mise en œuvre et responsabilisation en matière de couverture de santé universelle. Il est important de noter que ce travail devrait examiner qui peut être laissé pour compte et ce qu’il faudra pour que tous ces groupes soient couverts et protégés financièrement dans un lieu donné. Les bailleurs de fonds peuvent aider à faire en sorte que les matériels produits soient également mis à disposition de manière pertinente, compréhensible et utilisable au niveau national et par le biais de réseaux d’apprentissage régionaux.

Nombre d’entre eux ont indiqué que le réseau d’apprentissage en commun constituait un moyen efficace pour les décideurs de tous les pays d’identifier les lacunes et de partager des approches permettant une meilleure utilisation des données factuelles dans la prise de décision au niveau national. Plus tôt cette année, notre programme d’élaboration de politiques reposant sur des bases factuelles a accordé une subvention au Centre africain pour les examens systématiques et l’application des connaissances de l’Université de Makerere en Ouganda afin d’offrir aux législateurs confrontés à des décisions urgentes une synthèse des recherches pertinentes. Cela consolide la tendance du centre à informer les décisions antérieures du Ministère de la Santé. Nous sommes impatients de voir dans quelle mesure eux-mêmes et d’autres producteurs d’intervention rapide développent ce service et s’il influence la manière dont les autres organismes de recherche collaborent avec les gouvernements.

Deux bons exemples de biens publics mondiaux sont les indicateurs de prestation de services pour la santé et l’éducation, fournis par la Banque mondiale, qui ont rassemblé des données comparables fournies par les établissements de santé de plusieurs pays d’Afrique, qui peuvent être utilisées pour mieux comprendre la qualité des services que les gens reçoivent réellement; et les lacunes dans la cartographie des preuves de l’Initiative internationale d’évaluation des impacts et plus de 400 revues systématiques liées à la santé.

4- S’assurer que la société civile et les organisations de recherche des pays à revenu faible et intermédiaire apportent une contribution significative et participent au dialogue autour de la Réunion de haut niveau des Nations Unies sur la couverture de santé universelle en 2019.

Les bailleurs de fonds pourraient apporter un soutien à la recherche, aux documents de références et aux consultations au niveau des pays qui apportent de nouvelles perspectives et voix à la conversation durant la préparation à la réunion. Les bailleurs de fonds pourraient également octroyer des subventions de voyage pour une représentation plus solide de la société civile en septembre, par le biais de plates-formes telles que le mécanisme de mobilisation de la société civile UHC 2030.

Que prévoyons-nous de faire?

En 2019, nous prévoyons de poursuivre quelques opportunités ciblées d’octroi de subventions afin de promouvoir l’engagement des citoyens et la responsabilisation des gouvernements dans le cadre de notre stratégie actuelle de programme transparence, participation et responsabilité. Nous sommes particulièrement intéressés par les régions où les politiques de couverture universelle de santé sont bien avancées et où existent des organisations de la société civile prêtes à jouer un rôle de leader, telles que le Kenya, l’Ouganda, le Sénégal, le Burkina Faso et le Ghana. Notre objectif est de catalyser d’autres investissements, nationaux et internationaux. Il ne s’agit pas d’une nouvelle initiative ni d’un nouveau type de subvention pour nous, mais plutôt d’une inclusion à la manière dont nous allons mettre en œuvre notre sous-stratégie de surveillance de la prestation de services, qui met l’accent sur ces questions dans les services de santé, d’éducation, d’approvisionnement en eau et d’assainissement.

Enfin, mes collègues et moi-même prévoyons de partager des informations mises à jour sur ce que nous finançons et sur ce que nous apprenons, ainsi que nos bénéficiaires, dans de futurs blogs et sur les réseaux sociaux (@hewlettfound et @ pscheid6). Que pensez-vous que nous, et les autres bailleurs de fonds, pouvons faire? Nous serons heureux de recevoir vos commentaires et vos idées!

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